10 heures, le taxi qui doit nous mener de Louxor à Aswan est ponctuel, il nous attend devant l’hôtel. C’est un minibus Toyota d’une dizaine de places, à deux, nous y sommes donc à l’aise…
Enfin à l’aise, vite dit !…les premiers tours de roues nous font vite goûter au tempérament quelque peu nerveux du chauffeur. Mais ici rien d’étonnant, les méthodes de conduite sont assez particulières et le code de la route, une denrée périssable qui a fini depuis longtemps dans les poubelles de l’oubli…
Nous sortons de Louxor !…slalom entre les voitures, motos, calèches, piétons et autres charrettes tirées par des ânes avec l’impression que nous allons heurter l’un ou l’autre…feux rouges allègrement grillés, ils ne sont en place que pour la forme, leur inutilité…une certitude !
Nous roulons une vingtaine de kilomètres, la circulation est dense. Sur la voie d’en face des véhicules effectuent le dépassement de camions…tout à coup surgit en troisième position, un motocycliste !!!…de ma place dans le minibus, mon champ de vision fait que je vois celui-ci au beau milieu du pare-brise…le face à face est impressionnant, le motocycliste ne semble pas vouloir se rabattre, quant au chauffeur du Toyota, il ne réduit pas sa vitesse. Le choc paraît inévitable !…un sursaut de raison, le chauffeur donne un coup de volant vraiment à la dernière limite de la collision ; le minibus se balance de droite à gauche…dans une embardée digne des cascades de poursuites automobiles de films américains…
Ouf !!! le motocycliste est évité…la chauffeur lève les bras au ciel, gesticule derrière son volant, voilà le taxi livré à lui-même, va-t-il rester sur la route ?…
Et bien à notre grand étonnement…OUI !!!….les dieux seraient-ils avec nous ?…nous avons quand même bien envie d’y croire et merci !…
Ce qu’il faut savoir, c’est que bien souvent en Egypte, des bordures en béton d’une bonne vingtaine de centimètres peintes de noir et blanc longent les routes ; par chance à cet endroit il n’y en avait pas, le Toyota n’aurait pas aimé et nous encore moins !…
Malgré cet incident qui aurait pu mal se terminer, le chauffeur ne semble pas calmé et continue de conduire en prenant des risques hors du commun. A plusieurs reprises, si la température extérieure dépasse les 40°, à l’intérieur du véhicule, nous sommes bien au-dessus malgré l’air conditionné.
Un passage à niveau fermé !…la logique veut que chaque véhicule reste en attente à la file indienne…et bien là, la méthode est très différente : elle consiste à se doubler dans un concert de klaxon ahurissant, à celui qui sera le premier devant la barrière, provoquant plusieurs files, voir à 4 ou 5 de front et cela de chaque côté bien sûr…Je vous laisse imaginer le scénario à la levée des barrières, c’est à celui qui passera, carrosserie contre carrosserie, voitures, camions, bus, motos quelques ânes et toujours les klaxons à qui mieux mieux…excusez moi l’expression, « c’est au plus démerde » qui se sortira de ce méli-mélo, encombrant la voie ferrée…heureusement !…la circulation ferroviaire n’est pas très intense.
Alors que je suis occupé à regarder le paysage qui défile et prendre des photos à la volée…un bruit de pneus hurlants, une odeur de caoutchouc brûlé, les roues du minibus viennent de se bloquer, le Toyota pique du nez, se cabre, se dandine, se tortille comme le serpent entre roches et sables…un bruit de ferrailles parvient des amortisseurs martyrisés, le taxi saute !…un dos d’âne ralentisseur comme il y en a beaucoup sur ces routes, que le chauffeur n’a vu qu’au dernier moment…ma compagne qui est allongée sur la dernière banquette à l’arrière manque de se retrouver sur le plancher, un réflexe fait qu’elle se retient au dossier du siège de devant, évitant la chute…
Le Toyota vient de retomber sur ses quatre roues dans un vacarme impressionnant, nous venons encore d’éviter le pire !…les dieux sont avec nous, cette fois c’est sûr !…
Mais l’impatience d’arriver en entier à Aswan est grandissante, nous roulons environ encore une demi-heure avant d’atteindre les portes de la ville où nous pénétrons à une vitesse prohibée…le taxi se faufile sur les avenues, s’entrecroise avec d’autres usagers…vire à droite dans une descente sur les berges du Nil…s’arrête !…
Ouf !…nous sommes à proximité de la navette qui doit nous faire traverser le fleuve pour rejoindre l’hôtel. Nous récupérons nos bagages, soulagés d’être enfin arrivés…Nous réglons le chauffeur qui ne manque pas de demander un supplément sur le prix fixé…mais cela aussi c’est une habitude…bakchich !…bakchich !… et là de lui dire « bakchich is dead !… »
Mais nous, nous sommes vivant, et de rire après coup de l’aventure….encore merci aux dieux !….
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